Manifeste
Et si nous retournions nos matières à la terre nourricière ?
Habitant.e de l’un des pays les plus riches et les plus industriels de la planète Terre… Connais-tu les liens qui t’unissent concrètement à ton milieu de vie ? D’où vient l’air que tu respires ? L’eau que tu bois ? La nourriture que tu manges ? Que deviendra le produit de ta digestion une fois que tu auras tiré la chasse ?
Nous voilà souvent bien ignorants, et donc bien démunis, à savoir si peu de ce qui nous permet au quotidien de vivre et de rester en bonne santé. Production agricole d’une part, gestion des déchets et assainissement d’autre part, sont aujourd’hui pensés séparément. Pourtant ce sont toujours comme deux faces d’une même pièce. Deux fonctions vitales sur lesquelles nous n’avons quasiment plus aucune prise.
Alors il est temps d’ouvrir la boîte noire. De comprendre comment ça se passe. Et découvrir qu’on peut changer les choses et restaurer les liens rompus.
Les peuples autochtones et les experts scientifiques internationaux les plus éminents font les mêmes constats et les mêmes recommandations : il est temps de transformer radicalement nos manières de produire, de vivre, d’utiliser l’eau et la terre nourricière, ou plutôt d’en prendre soin.
Épargner l’eau
La chasse d’eau représente environ 10.000 litres par personne et par an. Peut-on envisager de ne plus faire nos besoins dans l’eau potable ni de polluer les rivières par nos excréments ?
Épargner l’énergie et le climat
10 MWh et 5 tCO2eq[1] par tonne d’azote : on consomme autant d’énergie à produire d’un côté des engrais azotés industriels que de l’autre à détruire l’engrais azoté naturel de nos excréments, dilué dans les eaux usées et arrivant aux usines d’épuration. Et on émet des deux côtés beaucoup de gaz à effet de serre…
[1] Tonne d’équivalent CO2, unité de mesure qui sert à évaluer les émissions de gaz à effet de serre.
Boucler la boucle des nutriments et restaurer les sols
L’agriculture d’aujourd’hui repose largement sur l’utilisation d’engrais issus de la pétrochimie pour l’azote (N) et d’origine minière fossile pour le phosphore (P), le potassium (K), etc. Ces ressources proviennent presque exclusivement du commerce international et rendent nos systèmes alimentaires très fragiles sur le plan géopolitique. Pendant ce temps-là, l’activité biologique des sols est négligée, appauvrissant la fertilité des terres.
Collecter les excréments à la source et les traiter pour produire des matières fertilisantes (engrais, composts), c’est retrouver un lien ville-campagne, faire un pas vers l’agroécologie, introduire plus de circularité dans la gestion des ressources… Alors que les agglomérations urbaines grandissent et que les ressources s’amenuisent, il est grand temps de (re-)déployer un assainissement écologique à la campagne et de le (r)amener jusqu’au cœur des villes.
Images : (cc) Laurent Lebot, Marine Legrand, Patrick Blehaut.